Le Batur est un volcan (gunung) constitué d’une vaste caldeira, dans laquelle de nouveaux cratères ont vu le jour, et qui contient le lac du même nom. Le cratère actif est supérieur au bord de la caldeira et s’élève à 1 717 mètres d’altitude. La dernière éruption remonte à l’année 2000.
Ce volcan m’a attiré à chacun de nos voyages à Bali mais je l’ai toujours jugé trop touristique pour me lancer dans l’ascension. En effet, il y a une « mafia locale » qui vous oblige à prendre un guide (inutile) et donc de payer pour accéder à celui-ci. Dès l’arrivée sur place, il y a une multitude de rabatteurs qui vous harcèlent pour vous inscrire.
En 2013, nous retournons près du volcan pour passer la nuit dans un hôtel avec des sources chaudes. Il me vient l’idée de me lancer le défi de grimper le volcan sans prendre les services d’un guide. Les rumeurs disent que l’organisation locale est un peu violente avec les resquilleurs pour donner l’exemple.
J’en parle rapidement au responsable de l’hôtel qui me donne rendez-vous discrètement à la piscine de l’hôtel pour un entretien privée. Visiblement les habitants sont tous sous la pression de cette mafia et en ont ras le bol de ne pas profiter de la manne providentielle. Bref, il est d’accord pour m’indiquer le meilleur moyen pour réaliser mon défi et me fait un rapide schéma du chemin à suivre.
Je me lance à 4h00 du matin, c’est l’heure officiel de l’arrivée des bus en provenance d’Ubud et du départ des randonneurs des hôtels locaux. Les gardiens sont postés devant les hôtels et guettent les touristes.
Je sors discrètement de la chambre et je saute le mur à l’arrière de l’hôtel. Je remonte un petit chemin qui passe entre les champs et les maisons. J’arrive au chemin principal et me cache dans les bosquets. Un groupe de touriste passe devant moi avec des lampes et deux guides.
Je laisse un cinquantaine de mètres et je leurs emboite le pas sans allumer ma lampe. Après une centaine de mètre, un guide entend mes pas sur le chemin plein de cailloux et se retourne en balayant l’espace avec sa lampe. Je saute dans le bas côté et continu ma progression en passant par les champs.
J’arrive au 1er temple, je me cache pour ne pas me faire surprendre par un gardien embusqué. Je traverse celui-ci et me prends les pieds dans des branches coupées au sol. Un scooter avec 2 hommes démarre en trombe et m’arrive rapidement dessus. Je me cache derrière un arbre à quelques mètres d’eux et je me force à ne pas bouger. Il reste une dizaine de minutes à éclairer la forêt avec leurs torches puis abandonne.
Je continu de progresser sur le chemin et butte sur un groupe qui n’avance pas. Je garde une distance pour ne pas me faire repérer. Je ne peux pas doubler car c’est le vide de chaque côté du chemin. J’arrive à une intersection avec une petite cabane. J’ai peur de tomber sur un gardien alors je marche tout doucement dans le noir.
Un peu plus loin, un homme fait demi tour et me fonce dessus. Je rampe rapidement dans la forêt et trouve un autre petit chemin qui part à droite. J’arrive dans une ferme avec des vaches et des cochons. Je marche dans la boue et trouve un sentier qui monte très raide vers le sommet. Je décide de foncer et de doubler le groupe. Je suis trempé de sueur et je tombe sur un groupe dont le guide me demande ce que je fais là !
Je dis que mon groupe n’avance pas et que moi je vais vite alors je suis devant eux… Ca marche ! Je progresse vers le sommet où je me fond dans la masse de toutistes. Je retrouve un couple avec qui nous avions discuté quelques jours auparavant. Je profite de l’occasion pour squatter leur guide et faire le tour du cratère avec eux. Quand le guide me demande où est mon groupe je fais semblant de ne pas parler anglais et je botte en touche » il est avec mon groupe là bas… Je le retrouve là-bas » ! Ca marche encore. J’entame la redescende en courant. Il y a des chemins dans tous les sens. Je me perds un peu mais j’arrive finalement en bas. Des locaux m’applaudissent. Je comprends pas ! Est-ce qu’ils savent que cette nuit un touriste a fait tourner les guides en bourrique !
Je ressaute le mur de l’hôtel, prends ma douche et rejoins ma petite famille au petit déjeuner. Un clin d’oeil au responsable de l’hôtel pour lui dire » Merci mec, je l’ai fait »!