Comme je l’expliquais dans un post, la Colombie a été un choc pour nous. En fait non. Plutôt une révélation.
Et surtout, j’y expliquais que notre vie là bas était simple, évidente, et en même temps magique.
J’ai beaucoup de mal à trouver les mots, les mots justes, pour partager avec vous ce qu’on a vécu en Colombie. Et pourtant s’il y a bien un pays pour lequel j’ai envie de crier mon amour, c’est bien lui! Paradoxe quand tu nous tiens!
Comment expliquer que du banal nous en avons retiré un énorme sentiment de plénitude?
Bref, face à cette impasse, j’ai réfléchis (ouille ça fait mal) et j’ai décidé de me lancer quand même!
Si les mots me manquent, les photos de Fred valent tous les discours et il est important pour nous de vous faire découvrir ce pays.
Donc en quelques mots, je vous plante le décor: Punta Gallinas, c’est la pointe Nord de l’Amérique du Sud (à relire lentement pour bien visualiser le truc). C’est paumé au milieu de nul part, dans un endroit désertique. Bref, tu n’y débarques pas par hasard car pour y aller, il faut le vouloir! 😉
Tu arrives à Cabo de la Vela (donc non, tu n’es pas encore arrivé héhé!). Là, tu te sens déjà au bout du monde. Le village, c’est en réalité des maisons éparpillées de partout. Des maisons?! Que dis-je?! Des barraques avec (parfois) des toits et un hamac et basta! (l’éloge de la simplicité..)
Point barre. Ah si! 1 resto, 1 magasin et du vent, du sable, encore du vent, toujours du vent, un paradis pour kite surfeur et des méduses dans l’eau (sympa pour la baignade promise aux enfants).
De là il te faut prendre une excursion pour aller à Punta Gallinas. Un trajet en 4×4 suivi d’une traversée en bateau. On vous avait prévenu: faut en vouloir!
Bon, revenons à Cabo de la Vela!
Comme on s’y emm.. ennuie pas mal sans la baignade, Fred décide de faire un aller-retour rapide à pied à travers le désert pour voir si la baignade est possible au « Pilon de Azucar » (rien à voir avec le Pan de Azucar de Rio, il est par ici). Petite course à l’azimut de 10km dans le sable entre les arbres à grosses épines et les chèvres (ce mec est givré, mais c’est le mien!! <3). A son retour, on décide de monter sur des motos-taxi et de filer se baigner .
Alors qu’on se baigne dans les grosses vagues, je vois débarquer 2 filles sur la plage , rayonnantes (oui oui, je suis fan des ces 2 filles, un peu comme un « love at first sight », impossible de contrôler ça). Pour le retour au village, on se retrouve tous ensemble un peu bête car les motos ne sont pas là alors que la nuit commence à tomber. Enfin 2 motos arrivent pour 5 adultes et 2 enfants… C’est décidé, Fred rentre à pied sur une partie du chemin avec une partie du groupe en attendant le retour des 2 motos.
Nous on se dit que tant qu’à être là, autant aller jusqu’au bout! Donc on prend le tour (un peu trop cher même après de longue négociations). Pas d’autres choix. On plonge dans le cadre du touriste avec repas et transfert inclus. ça nous change. Re-pas d’autres choix. Mais il faut être un certain nombre et on croise dans le village (enfin dans l’unique rue) un belge et une française avec qui on sympathise. On décide de partir ensemble le lendemain pour ce fameux Punta Gallinas.
Voyage en groupe pour Punta Gallinas
Le lendemain donc, le 4×4 passe nous prendre à 5h (ça pique les yeux). Le belge et la française sont Jonathan et Marine. Ils sont justes géniaux et passionnants! On échange sur nos vies, nos jobs, nos passions. Les enfants nous interromps mais pas de souci, ça rigole, ça joue… c’est simple! C’est beau, c’est évident!
Le 4×4 s’arrête et il faut prendre le bateau. Et là, les 2 filles du « Pilon de Azucar » nous rejoignent : alors que demander de plus? Je suis comblée! 😉
On passera 2 jours avec ces 4 fabuleuses (et pourtant normales) personnes. A parler entre adultes mais aussi à jouer avec les enfants (car oui ça aide quand on rencontre des gens avec qui le courant passe bien: s’ils aiment bien les enfants, ça le fait encore plus!). J’ai le souvenir d’un groupe dans lequel on riait, on parlait, on était globalement d’accord sur toutes les décisions à prendre…. C’était simple, c’était top!
Niveau paysage (pas trop tôt vous allez me dire!), c’est beau, c’est désertique, c’est magique!…
La nuit dans le désert
Pour clôturer la journée en beauté, la nuit dans le désert se fait dans des hamacs suspendues sous un toit en tôle. Il fait frais, on sent le vent, on entend les animaux (et on en ressort convaincu que les hamacs c’est juste le top!!)… Bref, des purs moments de bonheur.
Les dessous de ce paradis
Et c’est très pauvre. Les enfants lèvent des cordes à l’approche du 4×4 pour faire un péage et de son côté le chauffeur donne des chips. Parfois 5 barrages sur 50m. Alors, il ne donne pas toujours et certains enfants sont contraints de baisser le barrage sans rien en retour. ça me laisse très perplexe.
Quelle est l’image qu’ils ont de nous, ces touristes qui viennent voir ces beaux paysages mais qui traversons leur village en ne laissant qu’un nuage de poussière derrière nous? L’image qu’ils ont de nous? Et bien un paquet de chips…
j’allais laisser un commentaire du genre « c’est magnifique… » et puis la dernière phrase est si dure que je ne sais que dire… je dois avouer (lâchement) que nous si nous avons tant de mal à nous projeter dans des voyages comme celui-ci c’est à cause de ça. Nous ne sommes pas sûrs d’être assez forts pour passer devant ces enfants et profiter égoïstement du voyage… c’est un débat complexe…
je te comprends Mitchka. C’est difficile. Je n’étais pas préparé à ça en vérité. Une autre claque (plus prévisible celle là) a été en Inde, lors de notre dernier jour, avant d’embarquer dans notre dernier train. Un garçon des rues… Il est venu me voir et demander de l’argent ou à manger. Nous avions décidé de ne rien donner en argent, un choix, là aussi on aurait pu débattre des heures mais on a tranché.
Mais lui… son regard… il était si triste, si vide… alors que si jeune… je l’ai vu terrifié quand des gars des rues plus grands sont passés les voir, les grands, les protecteurs mais aussi les patrons…
Si jeune et déjà plus d’enfance. J’ai eu le coeur brisé et rien qu’à l’écrire, je suis mal et tous les sentiments remontent.
Des pays superbes mais de vrais problèmes à régler. J’ai fait de l’humanitaire au Pérou et ça me déchirait le cœur tous ces enfants dans les favelas. Souvent ils travaillent dans la rue mais je ne pense pas que ce soit la solution (même si pourtant ils semblent en avoir vraiment besoin) du coup j’étais dans une assoc où nous leur apprenions à lire mais bon… la route est encore longue…
Que d’émotions dans ce récit… Moi aussi les mots me manquent… La simplicité comme essence du voyage… mêlée au sentiment de gêne voire de culpabilité d’être privilégié…
J’ai ressenti cela plusieurs fois en voyage et oui, c’est très dur… Je me souviendrai toujours des regards de 4 enfants et de leur mère sur un trottoir au Cambodge lorsque je leur ai amené 4 repas chauds (j’ai pour principe de ne jamais donner d’argent mais il m’arrive d’offrir un repas, je ne sais pas si c’est bien mais c’est un geste qui vient du coeur). On aurait dit que je leur avais offert un banquet : leur joie m’a juste fait chaud au coeur tout en me tordant les tripes…
Très belle histoire que celle que tu as vécu au Cambodge et comme je te comprends: le plaisir d’avoir accompli quelque chose de bien et la boule au ventre face à leur situation (surtout comparée à la nôtre…). Je réalise parfois à quel point c’est vrai que le voyage t’ouvre les yeux sur plein de choses, te montre une réalité avec tant de facettes différentes… et au final, ça t’ouvre les yeux sur toi et ta place dans tout ça.
Malheureusement, le problème de beaucoup de pays en voie de développement: quand les parents n’ont pas l’argent/les moyens pour subvenir aux besoins de leurs enfants, leur fournir une école à proximité ne suffit pas… ces enfants ont besoin de manger!! C’est un débat très difficile je trouve.
Mais ces pays m’ont surtout marqué par leur chaleur de vivre et la beauté de leur paysage!