En vélo, certains mots prennent tous leur sens: les « faux plats« , « avoir le vent de face » « c’est à 10-15km… » (10 ou 15? punaise!!!) On est proche des éléments, de la nature… super proche même. Surtout quand on avale une mouche en pleine descente. Ou surtout quand on se fait piquer par un taon, en pleine descente encore une fois et qu’on ne peut pas lâcher les freins… Donc on attend qu’il ait fini de se régaler. On dépasse ses limites. Fred ne peux pas poser le pied à terre dans les montée lorsque Ruben est « attaché » à lui pour dormir. Quand on finit une journée bien remplie et que finalement, il reste 5km de vélo, sous la pluie et le froid, sur une piste de cailloux glissante avec des montées et des descentes (et là, même les descentes, elles font peur). On découvre des nouvelles parties de son corps. Surtout quand elles font mal!

On avait très envie de cette aventure, tous les 4 ensemble, un peu coupés du monde. On avait aussi la sensation que ça changeait un peu de notre routine (oh les vantards! de la routine en tour du monde, pfff!!! mais si si, on vous jure, parfois on veut aussi éviter le « à faire absolument, spécial touristes, suivez le guide »).

La route des 7 lacs, késako?

C’est une partie magnifique de la célèbre « ruta 40 » qui traverse l’Argentine du nord au sud. Elle serpente au milieu de splendides montagnes et de lacs d’altitude, dans le nord de la Patagonie…  Cette route va de Villa La Angostura à San Martin de los Andes, au nord de Bariloche. La plupart des touristes qui visitent cette région font ce trajet en voiture ou en bus, en une seule journée, ils s’arrêtent aux différents points vue qui bordent la route et prennent quelques photos avant de remonter à bord de leur véhicule. Certains ne se donneront même pas la peine de descendre un pied, les photos se prenant aussi bien depuis l’intérieur.

Sinon il y a l’option plus lente, celle où on ne laisse pas défiler ces paysages mais où au contraire on prend le temps d’admirer ces cartes postales vivantes, de faire un bon feu de camp, de se baigner dans les lacs, de sentir cette région vibrer, bref, vous voyez où je veux en venir –> on a pris cette option! Nous, cette route, on l’a respiré, touché et ressentis dans nos corps fatigués, kilomètre après kilomètre, montées après descentes (le principe du plat est inexistant en montagne…)

L’organisation avant le départ

Plusieurs choix s’offrent  à nous: faire ce chemin depuis Villa La Angostura ou l’inverse. On peut rajouter l’option Villa Traful (et son lac…. le Lac Traful – original, je sais) soit 50km de pistes, mais ça vaut le coup nous dit-on.
On décide un peu au hasard de partir de Villa La Angostura, bien nous en a pris. Dans ce sens, on finira le dernier jour par 15 km de descente.

Dès notre arrivée à Villa la Angostura, on file voir Gaston, propriétaire Franco-Argentin d’une boutique de location de vélo. Il fait son maximum pour que notre rêve devienne réalité: il faut trouver 2 sièges enfants à monter sur des porte-bagages et adapter une remorque trailer à l’ensemble, louer une tente, le camping-gaz et acheter la carte routière. Fred passera ensuite plus de 2h à vérifier les vélos avec Gaston, vérifier que la tente de location est en parfait état, monter des sangles pour attacher Ruben à son siège. On rajoute 2 dosserets de kayak pour le confort des enfants. A cet essentiel, il faut rajouter aussi nos vêtements, une pharmacie, un kit complet de réparation des vélos, de la nourriture, des couvertures… Fred gère Ruben et la remorque, je prends de mon côté Esteban.

ça y’est, c’est parti!

Fred démarre brinquebalent, mais il avance (faut-il préciser que Villa la Angostura est principalement constituée de routes de terre et cailloux?) moi je fais tomber le vélo dès le départ (Esteban appréciera beaucoup… il doute déjà de son équipière, ça promet!)

Le 1er jour est tranquille puisqu’il n’y a que 18km à parcourir. On quitte « la ville » et peu à peu, le paysage se transforme, plus de maisons, de belles courbes, des montagnes, on se sent libres, on se sent même forts. On s’arrête manger au bord d’un lac, le temps s’arrête, on kiffe. On termine la journée au bord d’un lac avec une aire de camping gratuite, remplie de monde. On plante le camp et on joue et se baigne toute l’après-midi. Le soir on se joint à des feux de camps, on papote avec les gens, bref nickel.

Le lendemain, 15km, ça commence par une montée et par mon dérailleur qui ne marche pas. Fred regarde, pendant ce temps, une gentille dame m’offre des tortas fritas pour toute la famille, tout va bien dans le meilleur des mondes. Tellement bien qu’on décide de ne pas se contenter de ces 15 ridicules km et d’avancer vers la prochaine étape. On décide d’aller voir une plage avant de repartir et là c’est la cata, Esteban se prend un pied dans les rayons de ma roue arrière. Il hurle de douleur, je tente de le retirer du vélo, c’est un peu la panique. Esteban pleure et refuse qu’on l’approche.. ça durera une heure. Une heure pendant laquelle  des voitures défilent sur ce minuscule chemin, qui doit bien avoir 10cm de poussière, bref un vrai régal pour nous à chaque passage. Au bout de cette interminable heure, j’arrive à lui donner de l’arnica et à mettre un compeed sur son vilain bobo. On arrive ainsi au croisement vers Villa Traful, après de belles montées dans les jambes, je regarde donc la montée, même en voiture ça fait mal: no way! (oui je suis comme ça en fin de journée!) On fait signe à un pick-up qui passe par là et il accepte de nous monter jusqu’à Villa Traful. Fred et Esteban monte à l’arrière et se régalent. Sur le chemin (et pour le coup, il s’agit vraiment d’un chemin) on voit quelques vélos se manger de la poussière: ce n’est pas une route mais une piste caillouteuse et poussiéreuse, le genre de poussière tellement fine et légère qu’elle s’envole de partout, bref un bonheur. Donc on est bien contents d’éviter ce trajet (on note quand même qu’il y aura le retour à faire…) Et on se pose même dans un camping avec eau chaude (le luxe). Au total de cette journée: 50km (dont 25km en pick up)

3ème jour, on se sent au taquet pour affronter cette route toute pourrie (pardon… poussiéreuse!) On enchaine donc 18km mais honnêtement on souffre, on descend souvent du vélo pour pousser et Fred dans ce cas pousse son vélo mais aussi Ruben et la trailer (moi je demande simplement à Esteban de descendre et marcher…) on rencontre alors une famille chilienne dans un camion aménagé, ils s’arrêtent spontanément pour nous proposer de nous avancer, nous expliquant qu’ils ont tenté le chemin après Villa Traful mais font demi-tour car la route est trop mauvaise. On ne refuse pas de l’aide, jamais! Donc on monte avec eux et ils nous descendent jusqu’au croisement de la veille. Ils nous proposent d’aller jusqu’à San Martin de los Andes mais nous voulons mener notre challenge jusqu’au bout.

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On s’élance donc sur cette partie pour avancer sur la journée du lendemain qui devait compter 48km. Pas mal de montées dans nos jambes puis le vent qui se lève, on continue… Puis la pluie arrive et on commence à sacrément déguster. On serait bien tentés de poser la tente et de s’arrêter là mais il n’y rien le long de la route, c’est de la montagne ou du champ vallonné et clôturé. Donc on continue malgré tout et on arrive à la partie non goudronnée de la route: de la caillasse, des voitures qui nous doublent sans même s’arrêter, on descend des vélos, on pousse… De mon côté je serre vraiment les dents parce que les enfants sont là, sinon je pleurerais. On voit un panneau de camping: sauvés!! Oui sauf qu’il est à 3km de la route et que son chemin est défoncé, on redescend donc des vélos, on est trempés. On arrive à un camping, le monsieur à l’accueil comprend notre « détresse » mais ici pas d’eau chaude, le vent souffle et la pluie tombe encore. On plante vite la tente et passons une grande partie de la soirée dans une salle commune autour d’un poêle à bois avant d’aller se coucher. Au total pour cette journée: 45km.

Le 4ème jour est un vrai bonheur. On rejoint la route et une grosse montée nous attends sur 3 km. Ensuite on a le vent dans le dos toute la journée et ça avance très vite. C’est cette fois des « faux plats » mais qui descendent… On arrive vers 14h au camping au bord d’un lac. On se pose la question de continuer 10 km de plus mais le prochain camping nécessite un détour de 6km. On décide de rester et de profiter de cette journée ensoleillée. On passe une nuit horrible…Je tremble de froid et Ruben se réveille en pleine nuit avec des terreurs nocturnes. Fred nous gère tant bien que mal, de son côté, Esteban a passé une super nuit!

Le 5ème jour est le plus long, on doit faire une cinquantaine de bornes. Ca se passe bien jusqu’au pique-nique : on s’arrête dans un restaurant pour prendre à boire et le proprio nous annonce un dénivelé de 900m  à franchir avant la grande descente de 15km vers San Martin. Effectivement, ça monte longtemps. On fait une longue pause au bord de la route. Alice se repose pendant que les enfants jouent avec les voitures dans la poussière. On arrive enfin à la descente. C’est une délivrance mais Fred doit gérer toute la descente avec seulement le frein avant car il n’a plus de plaquette à l’arrière et il doit faire attention à pas aller trop vite car le trailer tangue assez facilement avec la vitesse.

 

On arrive enfin à San Martin de los Andes (et pile à l’heure, la classe!). Les enfants profitent pour jouer dans un parc et nous guettons Gaston pour notre trajet de retour en voiture. Je trouve des pains au chocolat: un vrai régal et une famille papote avec nous, assez incrédules face à l’aventure que l’on vient de vivre. Sur le retour, on a l’impression de rembobiner un film. Revoir tous ces moments passés sur la route, c’est incroyable!

Honnêtement, on en a mangé de la poussière, du soleil, de la caillasse, du goudron, du camion qui te frôle mais aussi beaucoup de sympathiques « Tut Tut » d’encouragement. On a même vu des gens baisser les fenêtres pour nous saluer ou prendre une photo. (remarque: on est toujours TRES photogénique en vélo…)

Ce fut une très belle et très difficile aventure (difficile pour les parents surtout…). On est contente de l’avoir fait, on est aussi contente qu’elle soit derrière nous, on est fiers de nous. On pense faire plus souvent du vélo au retour de France, en mode camping sauvage.

Et vous le vélo, c’est une option pour découvrir des nouveaux lieux ou seulement en salle de sport?

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